Discussion autour de la laïcité, avec Jean Baubérot et André Tosel
A Nice, le 25 mars 2016, de 9h à 12h30, Amphi 031, MSHS Sud-Est
Pôle universitaire St Jean d’Angély
Organisée dans le cadre de l’axe 3 de la MSHS « L’Europe et ses Autres » et du programme “Inégalités, mobilités et discriminations dans le cadre scolaire” de l’axe interdisciplinaire « Altérités et mondialisations » (Université Nice Sophia Antipolis)
Jean Baubérot : Quelle laïcité depuis les attentats de 2015 ?
En janvier et novembre 2015, des attentats ont durement frappé la France et porté atteinte aux libertés laïques. S’il existe, au niveau de l’analyse académique, sept laïcités françaises, on peut percevoir, face à ces attentats deux lignes et stratégies politiques divergentes que symbolise le conflit autour de la direction de l’Observatoire de la laïcité (janvier 2016). La première veut combattre tous ceux qu’elle considère comme des adversaires et/ou de faux amis de la laïcité et relie très étroitement laïcité et sécularisation, la seconde cherche à rassembler, dans une laïcité inclusive, tous ceux qui désavouent publiquement Daech et estime que la laïcité consiste à faire vivre ensemble tous ceux qui respectent les principes de la démocratie, quels que soient leurs rapports à la sécularisation.
Professeur émérite de la chaire « Histoire et sociologie de la laïcité » à l’École Pratique des Hautes Études. Auteur notamment de Laïcités sans frontières (avec M. Milot),le Seuil (2011) ; Les 7 laïcités françaises (2015), Ed. MSH ; Comment parler de laïcité aux enfants (avec R. Diallo), Ed. Le Baron perché (2015).
André Tosel : Laïcité et colonialité
Les principes de la laïcité sont relativement simples à formuler mais leur interprétation et leur application ne peuvent être séparées de l’analyse des situations concrètes et des modifications qui font époque. Aujourd’hui quatre éléments nouveaux sont à prendre en compte et tendent à se coaliser. Le premier est spécifique à la situation post-coloniale de la République française et relève de la constitution d’un sens commun marqué par les partitions anthropologiques issues de la colonialité "nous" vs "eux". Le second tient à la nécessité montante de réformer notre concept implicite et étroit de religion, modelé exclusivement sur le monothéisme juif et chrétien. Ce concept est inadéquat pour comprendre l’islam et a fortiori les autres religions. Le troisième est la difficulté à saisir la violence religieuse actuelle en ce qu’elle a d’irréductible à une lutte d’intérêts. Le quatrième renvoie aux tendances ontologiques-sociales qui menacent la laïcité en tant que religion du capital et de l’argent et rendent impossible la séparation des puissances d’argent aussi bien de la vie publique des institutions politiques que des formes de personnalisation individuelles. On tentera une analyse multifactorielle.
Professeur émérite de philosophie politique de l’Université Nice Sophia Antipolis. Auteur notamment de Du retour du religieux : Scénarios de la mondialisation culturelle I, Ed. Kimé (2011) ; Civilisations, cultures, conflits : Scénarios de la mondialisation culturelle II, Ed. Kimé (2011), Nous citoyens, laïques et fraternels ?, Ed. Kimé (2015).
Mots clés : ecole education etat laicite-mars-2016 mondialite politique religion secularisation
Informations
- Herve Andres (andres@unice.fr)
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- Rania Hanafi (rhanafi@unice.fr)
- 22 avril 2016 01:51
- Colloques / Séminaires
- Français
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